Aimer avec douceur

Je veux écrire, je veux vraiment le faire. Reprendre ma plume et me vomir les tripes sur papier. Sortir le méchant. Mais ce soir c’est la première fois que je reprends mon cahier. Les dernières semaines, juste à sa vue, je renonçais.  Je me disais que rien ne sortirait ou que tout ce qui sortirait serait nul. J’ai longtemps écrit sur mes histoires de cœurs, mes horreurs de « dates » et mes malheurs amoureux. Ça m’inspirait autant que ça me décourageait. Les cœurs brisés ça intéresse toujours les gens. C’est beaucoup plus croustillant que les succès amoureux. Mais à mon plus grand étonnement je me retrouve dans l’une de ces relations saines où tout se passe bien.

Vous savez, celles où on ne se couche pas les yeux bouffis par les larmes. Pas celles où on est toujours à deux pouces de la névrose. Non, là on parle de celles qui commencent doucement, celles qui s’installent petit à petit et qui réconfortent. Celles qui donnent espoir. Je ne parle pas de conte de fées. Juste de la vraie vie lorsqu’elle décide d’être douce avec nous. C’est là que je me trouve en ce moment pour une rare fois dans ma vie et c’est déboussolant. Je ne savais pas qu’on devait apprendre à être aimé. Que ça ne se faisait pas tout seul, naturellement.

Après de nombreuses années de relations toxiques, c’est difficile de s’abandonner, de faire confiance. C’est étrange d’être aimé comme on est. Sans jugements, sans contraintes. Les vieux « pattern » reviennent vite. Ceux de la fuite, ceux de la défense, du repli sur soi. Il faut réapprendre à être en relation avec quelqu’un qui nous veut du bien. Qui est un partenaire et non plus un adversaire. C’est long comprendre qu’on mérite cet amour. Qu’on est à la hauteur de l’autre. Même si des fois on tombe, on gaffe, ou on recule. C’est bon de sentir que l’autre est là malgré tout. Qu’il n’a pas l’intention de se sauver à la moindre erreur de notre part. De sentir qu’on a le droit de se tromper, de s’excuser et de réparer. Être avec quelqu’un qui veut être là. Dans le bon comme dans le mauvais. Apprendre à arrêter d’être en représentation dans le seul but d’être ce que l’autre voudrait qu’on soit. Être assez. Arrêter de penser que si quelque chose tourne mal ça ne peut qu’être notre faute. On a le droit de ne pas « feeler » une journée, de ne pas être à son top et de mériter quand même l’attention et l’intérêt d’une autre personne.

Je partais avec tellement d’idées préconçues de ce que devait être un couple, du chemin préétablit qu’on devait suivre pour y arriver. Dans notre histoire, il n’y a rien qui s’est déroulé comme j’en ai l’habitude. La vitesse, la fréquence, l’intensité, tout était au ralenti pour moi. Je me suis auto-sabotée en voulant le forcer à suivre mes règles. Et j’ai tellement espéré avoir une deuxième chance de bien faire les choses que lorsque je l’ai eue, je n’ai plus jamais rien essayé de forcer. J’ai juste embarqué et je me suis laisser porter par cette relation qui évoluait d’elle-même. Par cet amour qui grandissait. Je n’ai plus jamais essayé de bousculer les choses, parce qu’on a trouvé notre rythme et que tout ce qui compte pour moi c’est d’être avec lui. D’avoir une place dans sa vie. Je ne revendique pas une relation parfaite, seulement une relation saine. Sans criage, sans menace ou manipulation.

Il y a encore des jours où je me demande ce qu’une belle personne comme lui fait là, à recoller mes morceaux. Avec tout ce qu’il y a de plus patient, de plus doux et de plus bienveillant. Des fois j’ai encore des insécurités, des petits retours en arrière, mais maintenant je ne doute plus que je mérite cet amour et c’est un honneur pour moi d’être aimée par cette personne. Il est assez et je le suis aussi.

Alexandrine

Alexandrine est une humaine sensible, généreuse et allumée aux enjeux relationnels et émotionnels. Humblement, elle nous partage son bagage d’expériences riches et empreint d’espoir.

Précédent
Précédent

La santé mentale sans liste d’attente ?

Suivant
Suivant

20 ans de réflexions et d’émotions