J’ai besoin d’aide!

Je crois que ce ne sera une surprise pour personne si j’affirme que la pandémie qui nous tenaille a des impacts sur la santé physique de la population, mais également, et de plus en plus, sur sa santé psychologique. Cette situation est (comment dire pour ne pas répéter ce que vous avez déjà tous entendus…) hors du commun ?  Elle peut susciter en nous des pensées, des émotions et des comportements qui nous surprennent nous-mêmes. Vous pensiez peut-être être à l’abri d’un épuisement professionnel ou d’une séparation. Vous pensiez peut-être que tout allait pour le mieux et que les psy et autres intervenants en santé mentale étaient réservés à une classe à part de la population, mais SURTOUT pas à quelqu’un comme vous.

 Et voilà que tout bascule. Vous vous sentez dépassé, vous avez de la difficulté à vous adapter aux multiples changements qui bouleversent notre vie individuelle et collective; professionnelle et familiale; personnelle et financière. Voilà que vous avez de la difficulté à vous endormir, que vous avez une humeur à rendre le Grinch jaloux, que vous vous sentez seul(e), que vous avez maintenant peur pour l’avenir alors que vous l’aviez cru dessinée d’avance, belle et toute en fleurs. Vous ne vous comprenez plus, mais ce que vous savez c’est que vous ne vous sentez pas bien. Pour la première fois, vous envisagez d’aller chercher de l’aide parce que ça semble être la seule et dernière solution. Vous vous rendez compte que vous avez épuisé vos ressources, que votre entourage ne suffit plus à vous épauler parce qu’ils vivent eux aussi des émotions difficiles. Vous vous rendez compte que l’on est tous dans le même bateau.

Alors, vous faites finalement le pas. Timidement, la honte au creux du ventre. Vous tapez « aide psychologique » dans google et vous faites un premier appel. « Malheureusement, je suis complet pour l’instant ». C’est ce qu’on vous répond. Deuxième, troisième, quatrième essais. Les réponses se suivent et se ressemblent. Les gens sont courtois malgré tout, on vous réfère au moteur de recherche de leur site Internet, au 811, à d’autres collègues. Mais vous vous battez déjà fort pour garder la tête hors de l’eau et vous avez l’impression qu’on ne vous lance que de petits flotteurs de piscine déjà percés pour vous aider. Ça ne suffit pas. Vous pensiez que prendre le téléphone pour demander de l’aide allait vous transporter directement sur la terre ferme, vers le soutien inconditionnel et la paix d’esprit. Vous vous rendez plutôt compte que toute l’énergie mentale que vous avez déployée pour prendre le téléphone, ne vous donnait droit qu’à un petit radeau et que vous devrez continuer de ramer encore pour vous rendre au rivage. C’est normal que vous vous sentiez découragés. Sachez seulement que vous avez un fait geste important en prenant le téléphone et que vous avez bien fait. Vous n’êtes pas seuls.

Bien avant la pandémie, les manques se faisaient sentir dans le domaine de la santé mentale. Manque de services, services complexes et parfois déficients, roulement de personnel, personnel épuisé. Bien sûr, il y en a des ressources. Les organisations, qu’elles soient publiques ou communautaires, ont déployées de grands efforts pour tenter de pallier la demande grandissante. Les intervenants qui travaillent en santé mentale et leurs gestionnaires font, pour la majorité, un travail exceptionnel. Mais la réalité est que les efforts ne suffisent pas encore à l’immense demande.

À mon avis, pour arriver à répondre à celle-ci, nous devons travailler ENSEMBLE. Sortir des sentiers battus; être créatif. Les psychologues, les éducateurs spécialisés, les criminologues, les travailleurs sociaux, les psychothérapeutes, les psychoéducateurs, les sexologues, etc. Tous font un travail différent, n’ont pas la même base d’études et pas nécessairement les mêmes habiletés, mais on a besoin de tout le monde. Chacun a son bagage d’expérience, sa spécialité et/ou ses actes réservés. Ces professionnels ont leurs différences et se rejoignent en même temps sur le fait qu’ils interviennent avec l’humain. Tant que nous reconnaissons les limites de nos pratiques professionnelles respectives et que nous les respectons, encore une fois, en travaillant ensemble, en se référant, en s’entraidant, je crois que tout le monde en sortira gagnant. Surtout les personnes qui tremblent d’épuisement et de honte en prenant le téléphone pour demander du soutien.

Si vous souffrez, que vous vivez des moments difficiles et que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à en demander. Je sais que ce n’est pas facile. Cela demande de l’énergie et du courage. Mais vous faites la bonne chose. De notre côté, nous, les professionnels et intervenants du domaine de la santé mentale, sachez que nous travaillons fort et avec cœur pour aller à votre rencontre.

Maude

Maude est une criminologue exerçant dans la sphère privée. Elle se spécialise dans la rédaction de rapports d’évaluation criminologique et se passionne pour la réinsertion sociale et l’intervention auprès des hommes judiciarisés.

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