Laisse-toi aider.

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Il parait qu’on est tous à un pas de sombrer dans la folie. À un choc de perdre pied et de basculer dans le noir. Dans le plus laid de soi.

Tout va bien, tu as une belle petite vie rangée, un bon emploi que tu apprécies, un chez toi agréable, des amis présents. Et un matin tu te retrouves dans le bureau d’un neurologue à écouter des mots dont tu ne saisis même pas la portée. Dégénératif, incurable, handicap. Et ton monde s’écroule. Les murs s’effondrent et tu n’as plus de repères. Que de la noirceur et de l’affolement. Et cette petite voix maligne, celle que tu as l’habitude d’entendre, mais que tu remets vite à sa place, cette fois-ci c’est elle qui te contrôle. Elle parle plus fort que ta raison. Qu’est-ce que je vais faire? Je n’y arriverai jamais. Je ne veux pas de cette vie-là. Pourquoi moi? Cette fois-là elle a gagné. Tu abdiques et tombe à genou dans un corridor de l’hôpital. Et tu cries parce que les larmes ne suffisent plus. Tu cries ta douleur, mais ça ne fait pas moins mal. Ça ne s’arrête pas. Et ça ne s’arrêtera pas tout de suite. Pas comme ça, sans effort.

Tu vas devoir travailler pour te relever. Travailler fort. Il y a des jours où tu baisseras les bras, où tu voudras retourner te coucher en boule dans ton lit et maudire la Terre entière. Parce que tu vas être fâché, ça oui. Si tu pensais être triste, tu vas te rendre compte que tu es encore plus en colère. Contre tout. Contre tous ceux qui sont heureux, ceux qui sont malheureux sans raison, en tout cas, pas avec une aussi bonne raison que la tienne. Tu vas croire que tu détiens le monopole de la tragédie. Que rien ne peut être pire que ce que tu vis, que personne ne peut comprendre. Et tu les détesteras de ne pas aller aussi mal que toi. Tu détesteras leurs problèmes que tu qualifies de futiles et tu voudras échanger ton malheur pour le leur.

Et puis, petit à petit, tes jours seront de moins en moins gris. Tu arriveras à faire plus qu’une brassée de lavage dans ta journée. Quand la TS du CLSC appellera, tu pourras te vanter d’être aussi allée à l’épicerie et d’avoir presque rit en regardant un épisode de Brooklyn 99. Tu souhaiteras secrètement qu’elle soit fière de toi. Et elle le sera. Chaque jour tu feras de nouveaux progrès, te rapprochant un peu plus du toi d’avant. Tu ne seras plus jamais cette personne, évidemment. Il y a des choses dans la vie qui te changent pour toujours. Mais tu retrouveras tranquillement ta lumière d’avant. Tu recommenceras à éprouver de l’empathie pour quelqu’un d’autre que toi. Quand on sort un peu de sa souffrance, on réalise que l’on est pas seul à vivre des drames. Que la peine et la douleur ça ne se quantifie pas et surtout ça ne se compare pas. Et je te jure qu’un jour tu arrêteras d’haïr tout le monde et d’être aussi enragé. Tu recommenceras à aimer, à rire pour vrai et à profiter de la vie, parce que maintenant tu sais à quel point elle est fragile. Mais cette rémission-là ne sera possible que si tu le veux vraiment et que tu t’entoures comme il faut.

Il n’y a pas de secret pour quitter la noirceur. Ça prend du temps et de l’aide. Commence par accepter que tu en as besoin. Que tout ça c’est trop grand pour toi tout seul. Il faut que tu partages ta détresse avec quelqu’un qui saura quoi en faire. Je sais que là maintenant, couché tout seul dans le noir, tu penses ne jamais pouvoir surmonter cette épreuve. Mais crois-moi, c’est possible. Et je finirai par cette phrase que tu exècres au plus haut point :  Laisse le temps faire les choses. Un jour tu comprendras à quel point c’est vrai. Pour l’instant repose-toi et accepte l’aide qu’on t’offre. Tu en as besoin.

Alexandrine

Alexandrine est une humaine sensible, généreuse et allumée aux enjeux relationnels et émotionnels. Humblement, elle nous partage son bagage d’expériences riches et empreint d’espoir.

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